Forêt de Marchenoir : un patrimoine naturel et historique singulier

Avec ses 1 984 hectares (source : Office National des Forêts), la forêt domaniale de Marchenoir est la deuxième plus vaste du Loir-et-Cher, après la forêt de Boulogne. Sa forme compacte et sa situation stratégique, à la lisière nord-est du département, font d’elle une frontière naturelle entre le monde agricole de la Beauce et l’entrelacs bocager du Val de Loire.

Un peu d’histoire…

La forêt fut, dès le XIe siècle, domaine royal puis possession de l’abbaye de Marchenoir, construite en 1139, dont les vestiges sont encore visibles (ONF). Elle servait de réserve de chasse aux rois de France et garde encore des alignements de bornes et de routes “royales” parfaitement rectilignes — preuve de son passé dessiné “au cordeau”. Sous la Révolution, elle fut nationalisée puis replantée au XIXe siècle, notamment en pins sylvestres, essence toujours dominante.

Une mosaïque de milieux à préserver

Marchenoir réserve une étonnante diversité : taillis feuillus, futaies de chênes, allées de pins, mares temporaires. La forêt est classée partiellement en Zone Natura 2000 pour la préservation de ses espèces remarquables, comme la couleuvre d’Esculape ou l’autour des palombes, et ses habitats pour les chauves-souris (INPN).

Comment accéder à la forêt de Marchenoir ?

  • Parking principal : Le plus accessible est celui du village de Marchenoir ou celui du croisement de la D924, à l’entrée nord (parking forestier balisé, à quelques centaines de mètres du bourg).
  • Transports : Pas de transport en commun jusqu’à la forêt. La gare la plus proche : Mer (TER Centre-Val de Loire), à 15 km.
  • Cyclistes : La forêt est longée par la D10 et accessible par de petites routes depuis La Bosse, Roches ou Concriers (Beauce Val de Loire). Attention, il n’existe pas de voie verte dédiée à ce jour.

Quels sentiers randonner à Marchenoir ?

Marchenoir n’affiche pas encore la signalétique de ses grandes forêts voisines, mais plusieurs parcours balisés ou à baliser offrent de belles découvertes. À privilégier, des circuits adaptés à tous, de la balade familiale au randonneur régulier.

Idées de circuits à la journée ou demi-journée

  1. Le circuit du Chêne du Roi – 7 km – 2h
    • Départ : parking principal (D924), boucle par l’allée du Roi.
    • Points d’intérêt : la vieille futaie, le fameux “Chêne du Roi” (plus de 250 ans), long cheminement rectiligne, retour par la petite mare aux libellules.
  2. La boucle de l’Abbaye – 12 km – 3h30
    • Départ : village de Marchenoir, passage devant les restes de l’ancienne abbaye, immersion au cœur des futaies de pins et retour par la clairière de Breuil.
    • À savoir : itinéraire non balisé officiellement, carte IGN conseillée (Carte IGN 2020, Série Bleue 1917E).
  3. Le sentier du Petit Marchenoir – 4 km – 1h15
    • Adapté aux familles, points d’observation de la faune (biches, couleuvres, pics épeiches), facile et en boucle.
Nom du circuit Distance Durée estimée Conseillé pour
Chêne du Roi 7 km 2h Adultes, familles
Boucle de l’Abbaye 12 km 3h30 Randonneurs aguerris
Petit Marchenoir 4 km 1h15 Familles, débutants

À noter : La forêt propose régulièrement des sorties accompagnées par l’ONF ou des associations locales. Renseignez-vous auprès de la mairie de Marchenoir ou de l’ONF Loir-et-Cher.

Conseils pratiques pour la randonnée

  • La forêt étant traversée par une large “route des Chasseurs” (4 km en ligne droite !), attention aux périodes de chasse (octobre-mars). Panneaux visibles aux entrées principales. Préférez la belle saison (avril-septembre) pour marcher en toute quiétude.
  • Pas de ravitaillement à l’intérieur de la forêt : prévoyez suffisamment d’eau. Commerces à Marchenoir ou Ouzouer-le-Marché.
  • Carte IGN recommandée (IGN), car plusieurs sentes sont peu balisées.
  • Sol sablonneux, praticable en toute saison, peu de dénivelé (moins de 50 m sur l’ensemble du massif).

Faune & flore : observer et respecter la vie sauvage

Impossible de parcourir Marchenoir sans remarquer la profusion d’oiseaux : mésanges charbonnières, buses variables, loriots… L’écureuil roux y est courant près des clairières, tout comme le chevreuil, très visible à l’aube ou au crépuscule.

  • Fleur rare : plusieurs zones humides abritent la pervenche des bois, floraison violette en avril-mai (source : Inventaire floristique Marchenoir 2019).
  • Insectes : la libellule “agrion orangé”, rare en Loir-et-Cher, y a été recensée en 2019. De charmants papillons citron et faons ponctuent la lumière filtrée.
  • Mammifères : on signale régulièrement hérissons, loirs et même… le discret chat forestier, espèce protégée et difficile à observer.

L’ONF rappelle l’importance de la discrétion et du respect pendant la nidification, surtout entre avril et juin, ainsi que la nécessité de ne pas ramasser les fleurs, ni déranger les animaux. La cueillette des champignons (cèpes, girolles) est tolérée pour la consommation familiale hors zones protégées.

Patrimoine et anecdotes : Marchenoir à la croisée des chemins

  • Route royale : bon nombre des grandes allées rectilignes datent de Louis XIV, lorsque la forêt servait de terrain de chasse : on y traquait cerfs et sangliers pour la cour, qui logeait temporairement dans le village éponyme.
  • Évènement local : chaque été, une “balade contée” nocturne est proposée pour redécouvrir les légendes de la forêt : loups gris, histoires de bûcherons et de révoltes paysannes (infos : Office de Tourisme de la Beauce).
  • Tracé d’abbaye : le sentier suivant la digue du Grand Étang rejoint les fragments du mur d’enceinte de l’abbaye, dont il reste quelques pierres, étonnamment enfouies sous les ronces.

Repères pratiques

Accès Sécurité Services Périodes conseillées
Parkings gratuits, accès libre toute l’année Attention chasse de mi-octobre à fin février. Gilets fluos conseillés Tables de pique-nique (aire de la Croix Boucherie), aucun point d’eau potable dans la forêt Avril à septembre pour la tranquillité, automne pour la cueillette des champignons

Marchenoir aujourd’hui : un espace à (re)découvrir

La forêt de Marchenoir, longtemps réservée à la chasse et ignorée des grands flux touristiques, s’ouvre peu à peu aux marcheurs, naturalistes et familles en quête de calme. Chaque saison a son charme : au printemps, explosion de chants d’oiseaux ; l’été, fraîcheur des sous-bois et odeur des pins torréfiés par le soleil ; l’automne, moquette de feuilles et lumières diffuses pour les amateurs de photo ; en hiver, paysage presque graphique, quand la brume nimbe les fûts dressés.

Aux portes de la Beauce Val de Loire, Marchenoir offre bien plus qu’un détour : c’est une invitation à ralentir, à sentir la puissance tranquille d’une « grande forêt habitée », où marcher prend le sens de la vraie découverte. Peut-être croiserez-vous au détour du sentier le vol furtif d’une hulotte, ou le tracé effacé d’un ancien chemin de pèlerinage — la forêt n’attend que vos pas pour raconter ses histoires.

Sources principales : Office National des Forêts • Inventaire floristique Loir-et-Cher 2019 • IGN • INPN (Inventaire national du patrimoine naturel) • Office de Tourisme de la Beauce

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